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Henri Dejeant, designer artisan

Henri Dejeant, designer artisan

Repéré il y a bientôt deux ans par La Maison Pigalle, le jeune artisan Henri Dejeant crée des luminaires uniques, nés de son amour pour la matière et les couleurs. Rencontre avec un passionné aux inspirations plurielles, qui inscrit ses créations dans une démarche respectueuse.
C’est dans un petit atelier d’une jolie ruelle de Béziers que la magie opère… À 35 ans, Henri Dejeant a trouvé sa vocation il y a un peu plus d’une dizaine d’années : celle de faiseur d’objets. Là, au milieu de curieuses machines et de montagnes de papier, l’enfant de l’Hérault a imaginé les luminaires qui font aujourd’hui sa renommée, jusqu'à New-York. Tantôt élancées – pour le grand modèle – ou délicatement trapues – pour le petit – les lampes Invider captent le regard des amoureux du design. “Elles sont le fruit de beaucoup d’heures de recherche… L’atelier est né de la volonté de créer différents objets dans un matériau qui me soit propre. Je revendique une démarche de détournement et de valorisation de matériaux récupérés”, raconte Henri avec enthousiasme.
Inspiré par ses années de vie au sud du Maroc – où il a appris des savoir-faire ancestraux aux côtés d’artisans locaux – le designer autodidacte s’est imprégné de l’ingéniosité avec laquelle ces maîtres recyclent toute sorte de matériaux : “cela m’a permis de découvrir les possibilités qu’offre le papier moulé et comment l’utiliser différemment. C’est tellement solide… Un peu de colle, de journal et vous vous retrouvez pratiquement avec du béton !
 
Henri a fait des tests, est passé par une multitude de procédés avant de trouver le bon. Un jour, il est tombé sur la formule qui lui convenait : plâtre de Paris, farine végétale et papier recyclé. La matière des lampes Invider est née.
Restait à trouver la forme que l’artisan devait donner à ces objets qu’il voulait organiques et originaux, même si “c’est aussi beaucoup la matière qui m’a guidé”. “À ce moment du processus, c’est aussi mon côté geek qui a parlé”, s’amuse-t-il. Homme de son temps, Henri a conçu ses prototypes de moule avec un ordinateur, et – faute de trouver ce dont il avait besoin dans le commerce – a également fabriqué les machines permettant de répondre à ses besoins, comme son four-séchoir sur mesure. Soit une technique à la croisée du design assisté et du moulage artisanal.
Pour produire une lampe, il faut entre une à deux semaines”, confie celui qui travaille avec une seule employée. Preuve que leur fabrication est maison, ses luminaires passent par de minutieuses étapes, qui permettent de transformer la matière en objet :  d’abord le mélange des ingrédients pour créer la pâte – qui est rapidement appliquée à la main dans le moule, avant qu’elle ne durcisse – puis le démoulage qui se doit d’être délicat – “il m’arrive souvent d’en casser, c’est encore fragile à ce moment crucial”. Viennent ensuite les étapes de séchage, de ponçage, de cirage et d’incorporation du système électrique.
Le résultat ? Des lampes aux courbes élégantes, douces au toucher, diffusant une lumière chaude et réconfortante. Minimalistes par essence, ce sont les irrégularités du matériau qui font leur charme et l’incorporation – au début du processus – de pigments naturels pour les modèles terre de sienne et noir carbone. La production à la main fait que chaque pièce est, de facto, unique.
Sans compter que les inviders sont la concrétisation d’un raisonnement écologique. “C’est une contrainte que j’ai inclus dans ma réflexion dès le départ”, explique Henri. Circuit court, matériaux recyclés, petite production… Le papier est par exemple récupéré chez un producteur d’isolant, installé à quelques kilomètres de l’atelier. “C’est aussi pour ça que je travaille à la commande et en série limitée, inutile de sur-produire. Mon but, c’est d’offrir une seconde vie au papier.
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